La référence de l'année 1898, invoquée pour les festivités du Centenaire en cette saison 1998, est, en réalité, celle de l'adoption des statuts sur lesquels repose l'actuelle Société des Courses de Compiègne.
DEJA EN 1876
En fait, des courses avaient été disputées sur la Plaine du Putois, depuis plus de deux décennies - à partir de 1876 - précisément - au cours desquelles, la vocation du site, initialement déterminée par la Municipalité, s'est irréversiblement imposée.
Les premières réunions furent organisées au compte de la Ville de Compiègne, qui avait donné son aval au défrichement du terrain, dès 1875, une douzaine d'années après la création de l'hippodrome de Longchamp, et une quarantaine après celle du champ de courses de Chantilly.
PISTES DESSINEES PAR RICHARD CARTER
Il avait aussi fallu, pour cela, toute la détermination de hautes personnalités, représentant respectivement le Turf de l'époque, tel le Comte FOY, la "Gentry" locale, telle le Marquis de l'AIGLE et les édiles municipaux, tels M. Robert FOURNIER-SARLOVEZE (grand-père de l'actuel Vice-Président de la Société des Courses de Compiègne et Premier Commissaire de France-Galop), tous très engagés dans les premières instances fondatrices des courses à Compiègne, avec la précieuse contribution, pour le dessin des pistes, du célèbre Richard CARTER, de la dynastie des grands entraîneurs britanniques, installés à Compiègne et à Chantilly.
Ces premières expériences de courses sous l'égide de la Ville se heurtèrent à des vicissitudes émanant de la Cour des Comptes et débouchèrent donc sur la création, en 1891, de la Société des Courses de Compiègne, présidée par le Marquis de l'AIGLE et animée par son secrétaire, M. Louis PAUWELS, lequel s'était fait une spécialité de l'organisation du pari mutuel sur les hippodromes.
1891 : LA LOI SUR LE MONOPOLE DU PARI MUTUEL ET LA CREATION DE LA SOCIETE DES COURSES DE COMPIEGNE
1891 effectivement constitue une date historique pour le devenir des courses en France, dès lors qu'au 2 juin de ladite année, la Loi instituera le cadre juridique du pari mutuel, seule forme de jeu autorisée sur le territoire et qui allait soutenir l'essor naissant du turf sur l'hexagone.
La nouvelle Société, lancée sur un capital de 10.000 francs héritait du cadre grandiose de l'hippodrome du Putois, à l'orée de la forêt et au voisinage direct du Grand Parc, théâtre de verdure qui avait immédiatement acquis une grande popularité, grâce à la grande vogue mondaine et sportive de la belle époque où Compiègne accueillait la Cour, ses fastes, ses fêtes et ses chasses impériales.
Dans ce contexte très favorable et privilégié, la nouvelle Société - bien qu'ayant attendu 1898 pour la bénédiction définitive de ses statuts - développa une activité croissante, à l'instar de l'extension de son calendrier (7 réunions avant la première Guerre Mondiale) et d'un succès populaire démultiplié à la faveur de l'appui de la Compagnie des Chemins de Fer du Nord, dont les trains spéciaux faisaient confluer des milliers de passionnés parisiens vers la Plaine du Putois.
ENTRAINEURS CLASSIQUES A COMPIEGNE
En cette fin du XIX siècle, le centre d'entraînement de Chantilly, créé par la Société d'Encouragement, commençait tout juste à être opérationnel. Une activité "pur sang" particulièrement dense s'était préalablement fixée aux alentours de Compiègne, à La Croix Saint-Ouen et Royallieu. D'ailleurs, le légendaire Gladiateur avait effectué ses tout premiers galops à Compiègne, sous les soins de Charles PRATT, entraîneur installé à Royallieu au service du Comte de LAGRANGE, avant que le poulain ne soit envoyé à Newmarket chez Tom JENNINGS (gendre de Richard CARTER) et y prépare ses exploits, et notamment son triomphe dans le Derby d'Epsom, le premier jamais conquis par un Français, en 1865.
Aux portes de la Forêt, s'était aussi installée la très puissante écurie d'Edmond BLANC (avant qu'il ne bâtisse son centre privé de la Fouilleuse, devenu l'actuel hippodrome de Saint-Cloud). Primitivement, son élevage était fixé à la Chapelle-en-Serval, creuset de ses premières réussites, qui allaient le créditer d'un record de victoires classiques que ne parvint à lui ravir Marcel BOUSSAC qu'un demi-siècle plus tard...
FIGURES EMBLEMATIQUES DU TURF NAISSANT EN FRANCE
Autres casaques de tout premier plan à avoir privilégié le site du Putois pour y affûter leurs champions : celles de Jean PRAT et de Maurice EPHRUSSI, mais aussi les prestigieuses couleurs d'Henri DELAMARRE et du Comte de BERTEUX, qui étaient confiées sur place au Baron FOY (fils du Comte FOY, Fondateur des Courses de Compiègne), éminent cavalier, entraîneur et propriétaire, qui, à la fin de sa carrière, parvint au siège suprême de la Présidence de la Société d'Encouragement.
En obstacle, Compiègne avait la prédilection de deux maîtres du temps, DESBONS (responsable de l'écurie Archdeacon) et BARESSE. Mais aussi, la cité impériale s'enorgueillissait des exploits de deux Gentlemen locaux entrés dans la légende du Steeple-Chasing naissant, Gaston de LA MOTTE (figure historique de l'obstacle en France grâce à son champion Franc Picard, qui fût le premier français lauréat sur les "fences" anglais) et le romanesque sportsman Etienne BALSAN, chevalier servant d'une certaine Coco CHANEL, qui y entraînera entre autres la célèbre Cantinière, qu'il mènera personnellement à la victoire en 1904 dans le Prix Montgoméry.
Si les centres d'entraînements privés de Compiègne et des alentours - non loin de la voie ferrée qui attendait les partants pour Longchamp - terminus à Suresnes - ont disparu progressivement, se repliant vers les installations de la Société d'Encouragement à Chantilly, les pistes de l'hippodrome de Compiègne n'ont cessé d'être utilisées régulièrement par quelques uns des plus grands professionnels cantiliens, fidèles à la pratique des "galops secrets" incognito aux petits matins embrumés de la Plaine du Putois.
BATAILLONS "FABRE" et "HEAD" INCOGNITO AU PETIT MATIN
Loin des regards indiscrets, cette tradition, reconnaissance de la réputation de souplesse des pistes de Compiègne, a été pérennisée, de l'entre-deux Guerres à aujourd'hui, par les plus grands : Frank CARTER était tout particulièrement attaché à cette pratique, tant pour ses meilleurs 2 ans, soumis à un dernier "bout-vite" avant leurs débuts, que pour ses classiques, titulaires de grands engagements. Parmi ses successeurs au Livre d'Or de la profession, d'hier à aujourd'hui, Compiègne aura de la même façon prêté régulièrement ses pistes aux "galops spéciaux" des meilleurs pensionnaires de Charles SEMBLAT, François MATHET, Max BONNAVENTURE, Patrick BIANCONE, André FABRE, Alec HEAD et sa fille Criquette, adeptes de ces expéditions de "finition" pour leurs champions.
Après les quatre années d'interruption de courses due aux hostilités de la première guerre mondiale, l'activité a repris sur l'hippodrome, qui a conforté sa réputation particulière, où prévalait la dominante sportive et "partie de campagne".
COMPIEGNE AUX TROIS ALLURES
Plat, Obstacle, Trot : Compiègne tient à cette pluridisciplinarité qui, dans son contexte de voisinage immédiat avec les hippodromes de la région parisienne, singularise les affiches de la Plaine du Putois, et diversifie le spectacle offert à un public manifestement attaché à ces variations d'allures sur la piste.
Autre tradition, fidèlement sauvegardée par Compiègne : la place dont la Société a toujours tenu à privilégier les amateurs, Gentlemen et Amazones, tant au galop qu'au trot.
L'amateurisme, hier comme aujourd'hui, a fourni à l'Institution des Courses un très grand nombre de personnalités connues et déterminantes dans leur implication "pour la bonne cause" - celle qui associe courses et sport - : Présidents de Sociétés, Commissaires, cadres, bénévoles... Il a fait éclore aussi de multiples vocations de propriétaires, d'éleveurs, d'entraîneurs...
LE FECOND CREUSET DE L'AMATEURISME
Dans cette floraison de personnalités, qu'a réunies la pratique de ce sport exaltant, détentrices et héritières de la précieuse notion d'"esprit cavalier", Compiègne s'enorgueillit d'une part prépondérante, grâce à la pérennité de la place que ses programmes réservent aux amateurs.
Plus que toutes autres, ses pistes se sont prêtées aux évolutions - dans la victoire comme dans la défaite - et aux carrières - d'une vie comme d'un jour - de générations de Gentlemen-Riders et Cavalières, confrontés sans distinction au verdict du dicton "Les hommes ne sont égaux que sous les ordres de starter" et de sa variante "Les hommes ne sont égaux que sur le turf et sous ses racines".
De la sorte, les programmes de trot de Compiègne se sont notamment singularisés en accueillant des courses réservées aux Cavalières, chères à l'initiatrice de ce sport au féminin, la Vicomtesse de BELLAIGUE, mère de l'actuel Président de la Société-Mère du Trot. Cette tradition aura au demeurant permis récemment aux fille et petite-fille respectives de deux des prédécesseurs de M. de BELLAIGUE au siège suprême de la S.E.C.F., Mlles ESSARTIAL et VIEL, de connaître les joies de la victoire au sulky.
Ce n'est qu'une illustration de cette étonnante grande tradition sportive et hippique, qui s'est épanouie à Compiègne, où cohabitent vénerie, sports équestres, attelages, courses entre la Forêt, le Palais Impérial, l'Hippodrome du Putois et le Haras National.
Tout un monde, auquel la Société des Courses de Compiègne a donné accès à "la fièvre d'un grand sport", fièvre dont a émané une étonnante concentration de grandes figures du turf en France.
1932 : LES NOUVELLES TRIBUNES
Ces "fondamentaux" - comme on dit maintenant - auront présidé au choix architectural qui, en 1932, permit à l'hippodrome de se doter de la ravissante touche "anglo-normande" de ses actuelles installations.
Aux tribunes en bois de l'époque "héroïque", furent substitués les bâtiments à colombages d'aujourd'hui, face au charmant Pavillon des Balances, dont la chaleureuse hospitalité participe à cette place "à part" qu'occupe Compiègne dans le coeur des turfistes et des professionnels du pur-sang - mais aussi du trotteur, spécialité qui a sa place dans les programmes de l'hippodrome du Putois et y fait toujours le plein.
C'est en 1930 que la Loi avait donné son aval au jeu mutuel hors hippodrome. Le jeu allait développer progressivement une nouvelle dimension nationale, à l'effigie du P.M.U., organisateur de la collecte de paris à l'échelle du pays sur un calendrier essentiellement parisien, où les autorités accordèrent une place à Compiègne.
1998 : PREMIER EVENEMENT NATIONAL
Bien avant le mouvement de décentralisation actuel, qui permet à une sélection serrée de grands hippodromes régionaux de donner des affiches supports de jeu national, Compiègne a donc bénéficié de cette enviable latitude - étendue aujourd'hui à neuf réunions "P.M.U.", dont, pour la première fois, une comportant un Tiercé-Quarté-Quinté+, 44 ans après le premier tiercé de l'histoire (1954).
L'octroi de cet événement national consacre les acquis de notoriété, de crédibilité et de reconnaissance accumulées depuis sa genèse par la Société des Courses de Compiègne, par son hippodrome et par ses constantes améliorations, au service d'une dimension humaine et essentiellement sportive des courses.
En 1993, a été établie la première grille de catégorisation de tous les hippodromes de Galop en France, à partir d'une très complète enquête soumise à chacun des quelque 190 sites programmant du plat et des 150 organisant conjointement de l'obstacle. D'emblée, Compiègne avait acquis sa place en 1ère catégorie nationale, sur la hiérarchie à cinq niveaux.
C'est à cette échelle, inspirée du concept du "test du consommateur" et réactualisée d'année en année, imposant des normes-qualité, elles aussi évolutives, qu'on se réfère pour l'attribution d'affiches nationales.
AUJOURD'HUI:
C’est en 2000, sous la présidence du Baron Armand de Coulange que la société des Courses de Compiègne quitte Paris pour installer son siège sur son hippodrome après y avoir fait d’importants travaux d’agrandissements et de rénovation, comme :
L’installation des bureaux ; le doublement du vestiaire des jockeys ; la création du salon des propriétaires En 2002 la consolidation des tribunes
En 2007, sous l’impulsion de l’actuel Président, Monsieur Antoine Gilibert, plusieurs chantiers importants sont mis en œuvre :
Une nouvelle cour de 25 boxes, ce qui porte la capacité d’accueil à 130 chevaux ; l’infirmerie rénovée et agrandie afin de satisfaire au normes en vigueur; la réfection et la modernisation du rond de présentation ; la création d’un parcours de haies sur 2200 mètres de circonférence ; ce qui permet de ne plus emprunter la piste plate et d’avoir une ligne d’arrivée spécifique pour chacune des deux disciplines ; un système d’arrêt de courses, sonore et lumineux, unique en son genre, mis en place en cas d’incident ou d’accident.
Qualité, accueil, sécurité sont les maîtres mots qui ont inspirés les différents responsables jusqu’en cette veille du troisième millénaire et ont attiré vers le turf compiégnois tous les acteurs et spectateurs.